On l’entend souvent : « C’est le karma ! » — comme une façon de dire que quelqu’un a eu ce qu’il méritait. Mais derrière cette idée un peu simpliste, que signifie réellement le karma ? Est-ce une punition cosmique ? Une force céleste de justice ? Ou bien… quelque chose de bien plus subtil ?
Dans cet article, j’avais envie d’explorer le karma à travers un autre regard : celui de l’interdépendance, de la mémoire et de la responsabilité. Et peut-être de vous faire changer de perspective sur cette notion qu’on a largement occidentalisée.
Les origines du karma
Le mot « karma » vient du sanskrit karman, qui signifie « action », mais aussi le fruit de l’action. Dans le brahmanisme, ancêtre de l’hindouisme, le karman désignait le résultat d’un sacrifice bien réalisé. Puis la notion a évolué avec l’hindouisme, le bouddhisme… jusqu’à nous arriver en Occident, amputée de son « n » et vidée d’une grande partie de sa profondeur.
Aujourd’hui, on l’associe souvent à une sorte de « justice divine » qui nous punit ou nous récompense selon nos actions. Mais cette idée est bien réductrice…
Le karma comme mémoire
Le yogi indien Sadhguru décrit le karma comme un ensemble d’informations — un logiciel énergétique et mémoriel qui influence notre manière de penser, d’agir, de ressentir. Depuis notre naissance (et même avant, selon ces traditions), nous accumulons des mémoires dans notre corps, notre mental et notre énergie.
Il distingue plusieurs types de mémoire :
- Physique (nos gènes, notre ADN)
- Émotionnelle et mentale (nos souvenirs, nos traumatismes…)
- Énergétique (plus subtile, en lien avec une dimension élargie de notre être)
- Karmique (les empreintes profondes laissées par nos intentions et actions)
Ce « corps karmique » serait à l’origine de notre personnalité, de nos schémas répétitifs, et de cette sensation de parfois rejouer les mêmes scénarios encore et encore.
Le karma nous conditionne… sauf si on s’éveille
Agir en pilote automatique, répéter sans cesse les mêmes comportements : voilà ce qui renforce le karma. Mais lorsque l’on devient présent à soi, dans l’introspection ou la méditation, on commence à répondre au lieu de réagir. C’est là que la libération du karma peut débuter.
Comme le dit Sandy Hinzelin, docteure en philosophie et professeure de yoga : « On ne devrait pas dire qu’on a du karma, mais qu’on est du karma ». Ce n’est pas une étiquette qu’on peut retirer. C’est une structure vivante, mouvante, qu’on peut apprendre à observer pour mieux s’en détacher.
Elle rappelle aussi un point essentiel : vouloir « créer du bon karma » est encore une forme d’attachement. Une action faite pour obtenir une récompense est, par essence, intéressée. Et donc, encore guidée par l’égo.
Le karma : une loi d’interdépendance
Ce que le karma nous enseigne avant tout, c’est l’interdépendance : chaque pensée, chaque geste, chaque intention laisse une empreinte. Ce qu’on fait au monde, on le fait aussi à soi-même.
Le bouddhisme tibétain décrit 12 lois du karma, comme autant de reflets de cette interdépendance. Parmi elles :
- La grande loi : on récolte ce que l’on sème
- La loi de la croissance : pour changer le monde, il faut commencer par soi
- La loi de la responsabilité : ce que je vois à l’extérieur est le miroir de mon intérieur
Le karma, bien compris, n’est pas une menace. C’est une invitation à la conscience.
L’intention fait tout dans le karma
Philippe Cornu, tibétologue et spécialiste du bouddhisme, souligne un point essentiel : ce n’est pas l’action qui crée du karma, mais l’intention. Si je dis du mal d’un collègue par jalousie, ce n’est pas le fait de parler qui compte, mais l’intention de nuire. Ce type d’action laisse une empreinte, un samskara — une trace dans notre esprit — qui alimente un schéma mental. Et ce schéma se rejouera… jusqu’à ce qu’on décide de faire autrement.
Mais tout n’est pas figé. Cette même personne, si elle se remet en question, regrette sincèrement et agit différemment ensuite, commence à transformer ce karma. C’est un processus de responsabilisation douce, sans culpabilité.
Si vous vous intéressez à ce sujet, je vous encourage à partager vos expériences avec les autres, dans le forum Esotera.
Stop à la culpabilité
Contrairement à ce que l’Occident a intégré, le karma ne devrait jamais être synonyme de culpabilité. Le bouddhisme considère la culpabilité comme une forme d’aversion envers soi-même, un attachement au « moi » figé. Or, l’esprit est en constante évolution. On peut toujours choisir de faire différemment.
C’est pourquoi comprendre le karma, ce n’est pas se punir pour le passé. C’est observer, apprendre, et choisir de semer autre chose, dès aujourd’hui.
Finalement, le karma ne parle pas de punition, mais de transformation. Il ne dit pas : « Tu mérites ceci. » Il murmure plutôt : « Voilà ce que tu cultives. Est-ce que tu veux continuer ? »
Et de votre côté ?
- Que pensez-vous du karma, dans la vision bouddhiste ?
- Avez-vous déjà eu l’impression de revivre les mêmes schémas dans votre vie ? Si oui, lesquels ?
Sources
Pour aller plus loin, voici les sources :
Livres
- « Karma : le guide d’un yogi pour façonner sa destinée » de Sadhguru
- « Le guide du karma familial » de Isabelle Cerf
- « Les 12 lois du karma » de Sandy Hinzelin
Articles
- Signification de « Loi du Karma »
https://www.wisdomlib.org/fr/concept/loi-du-karma - Karma, mais qui est-tu ? https://www.inexplore.com/articles/karma-qui-es-tu-destin-fatalite-ou-transformation-origine-inde
- Karma « Encyclopédie de l’Histoire du Monde »
- https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14209/karma/
- Le Karma et l’origine de l’Univers https://studybuddhism.com/fr/etudes-avancees/le-lam-rim/le-karma-niveau-avance/le-karma-ni-libre-arbitre-ni-determinisme/le-karma-et-l-origine-de-l-univers
Author: Patricia Morgado
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